BR TO LOUIS COUTURAT, 3 JULY 1901
BRACERS 53178. ALS. La Chaux-de-Fonds Bib., Suisse. Russell–Couturat 1: #81
Edited by A.-F. Schmid

Friday’s Hill,
Haslemere.^a
3 juillet 1901

Cher Monsieur,

Il y a bien longtemps que j’aurais dû vous écrire, mais j’ai été tellement occupé que je n’ai pas pu trouvé^b l’occasion. Je crois que je n’ai même pas répondu à votre longue et aimable lettre au sujet de ce que doit être une université. Je me trouve dans l’accord le plus complet avec vous à ce sujet, et je déteste les examens tout autant que vous. Malheureusement, chez nous cette opinion est très peu répandue, et le Parlement ne nous a laissé aucune liberté à ce sujet en ce qui concerne l’université de Londres. Nous avons seulement le pouvoir de décider de ce qu’on doit apprendre et de ce qui doit se demander dans les examens : le nombre des examens et leur importance se trouvent déterminés d’avance.

Je vais donner, par invitation du collège, un cours à^c Trinity College sur les principes de la mathématique, qui durera tout l’hiver, et qui sera destiné seulement pour ceux qui sont déjà instruits en mathématique. Je vais y proclamer beaucoup d’idées nouvelles que je mets dans un livre que je prépare depuis longtemps, mais qui ne sera pas publié jusqu’à 1903 au plus tôt. Il n’y a personne à Cambridge (si ce n’est Whitehead) qui a la même compétence que vous à ce sujet, et je regrette que je n’aurai^d pas vos critiques, qui me seraient précieuses.

J’ai regretté que ce n’ait pas été vous qui avez^e fait le compte rendu^f de mon Leibniz dans la revue ; cependant M. P. Boutroux me paraît compétant, et je puis croire qu’il a raison de dire que je n’aie pas bien compris Des Cartes^g — qui, du reste, est sa spécialité et non pas la mienne.

Le troisième volume du congrès est magnifique : je vous en^h félicite, ainsi que vos confrères, de tout mon cœur.

Je vous prie de présenter à Madame Couturat mes meilleurs hommages, et de croire à mon cordial dévouement.

Bertrand Russell

Notes

^aAdresse imprimée ^bsic ^c[de] ^d-gsic ^h{en}

BR TO LOUIS COUTURAT, 3 JULY 1901
BRACERS 53178. ALS(X). La Chaux-de-Fonds Bib.

Friday’s Hill
03 07 1901

Dear Sir

It’s been a long time since I wrote to you, but I have been so busy that I was unable to find an opportunity. I believe that I haven’t ever replied to your long and friendly letter about what a university ought to be. I find myself in complete agreement with you on the subject, and I detest examinations just as much as you do. Unfortunately, here that opinion is not very widespread, and parliament will not leave us free on that subject as far as the University of London is concerned. We have only the power to decide on what must be learnt and what must be asked in the exams; the number of exams and their importance are determined in advance. I am going to give, by invitations of the College a course at Trinity College on the principles of mathematics, which will last all winter, and ?? are intended only for those who are already ?? in mathematics. I am going to put forward these mainly new ideas which I am putting in a book that I’ve been writing a long time, but which will not be published until 1903 at the earliest. There is no one at Cambridge (apart from Whitehead) who has your competence in the subject, and I am sorry that I will not have your criticism which would be valuable for me. I regretted that it wasn’t you who did the review of my ?? in the ??; nevertheless, M.P. Boutroux appears able to me, and I can believe that he has a reason to suggest I have not understood Descartes properly — which, moreover, is his specialization and not mine. The third volume of the ?? is magnificent. I congratulate you and your colleagues on it most heartily. Please give Mme. Couturat my best wishes and believe me.

Yours sincerely,
Bertrand Russell