BRACERS Record Detail for 53130
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Poincaré is at Couturat's.
LOUIS COUTURAT TO BR, 1 JUNE 1899
BRACERS 53130. ALS. La Chaux-de-Fonds Bib., Suisse. Russell–Couturat 1: #32
Edited by A.-F. Schmid
Caen,
le 1er juin 1899.
Cher Monsieur,
Je m’empresse de vous envoyer la traduction de votre Préface, avec le texte, et de vous remercier de la mention flatteuse et réitérée qui y est faite de mon nom. J’aurais voulu restreindre la place qu’il occupe et les compliments qui s’y attachent ; mais ma modestie a dû s’incliner devant la conscience du traducteur.
Je tiens d’autant plus à vous soumettre cette traduction qu’en plusieurs endroits il est impossible de traduire littéralement, et que j’ai dû adopter une traduction libre, en m’efforçant de rendre le sens exact par des équivalents français. Par exemple, il est impossible de dire en français « la différence entre le sens dans lequel ... et le sens dans lequel ... ». Ce serait barbare.(1) J’ai supprimé le mot « différence », dont le sensa est impliqué dans l’ensemble de la phrase. J’ai supprimé aussi throughout, qui signifie pour vous simplement passim, et qu’on n’aurait pu traduire que par : « dans tout le cours de l’ouvrage », ce qui est lourd et donne trop d’importance, il me semble, à cette idée accessoire. Au dernier alinéa, j’ai dû couper la 1e phrase, pour distinguerb nettement les notes mathématiques qui sont de vous, et les notes philosophiques, qui sont de moi, et j’ai ajouté « en Appendice » pour plus de clarté (pour distinguer ces notes des notes au bas de la page). Pour la phrase suivante, j’ai employé une paraphrase, car on ne peut parler en français de « sacrifices de temps et de pensée ». L’idée se retrouve dans « consacrer » et dans « dépenser » ; very extensive est rendu par généreusement (= libéralement, sans compter). J’ai remplacé translation par édition, d’abord pour ne pas répéter le mot traduction-traducteur, ensuite pour laisser plus de vague et de généralité à la part que j’ai prise à ce travail, et laisser le mérite de la traduction proprtc dite à M. Cadenat. Enfin j’ai dû couper la dernière phrase, et la commencer par « Je souhaite ».(2) Il va sans dire que toutes ces modifications, qui portent aussi parfois un peu sur le sens (c’est inévitable), sont subordonnées à votre agrément. Vousd n’avez qu’à m’indiquer le sens exact dans lequel vous désirez faire telle ou telle correction. Si au contraire vous acceptez le texte tel quel, vous n’avez qu’à le signer et à l’envoyer directement à MM. Gauthier-Villars, Quai des Grands-Augustins, 55, Paris.
— J’attends toujours les premières épreuves, et je leur écrirai bientôt si je ne les reçois pas, pour les presser d’imprimer.
Je viens de recevoir un tirage à part des Kantstudien, B. IV, Heft 1, où Vaihinger rend compte de ma controverse avec M. Brunetière à propos de Kant, d’une manière très favorable et très honorable pour moi. Je me félicite de l’approbation de ce Kantien très autorisé, et de l’honneur qu’il me fait de rendre compte d’une polémique de journal dans sa savante revue.
J’ai de bonnes nouvelles de M. Cadenat ; il est, lui aussi, pour la bonne cause, qui est heureusement en train de triompher à la Cour de cassation. Quel soulagement pour nous !
Veuillez agréer, cher Monsieur, l’assurance de mon cordial dévouement.
Louis Couturat
P. S. Je ne puis vous indiquer la date de la publication, puisque l’impression n’est pas encore commencée. Mais j’espère que le livre pourra paraître en Juillet. Sinon, il vaudrait mieux qu’il parût après les vacances, et dans ce cas votre réponse à M. Poincaré pourrait paraître en novembre dans la Rev. de Méta. J’ai pris note de votre désir de recevoir les secondes épreuves.
(1) J’ai supprimé reviews = comptes-rendus, qui fait double emploi, je crois, avec criticisms = critiques.
(2) On ne peut pas dire : « Ce qui m’encourage à l’espérer ». Le français est une langue bien difficile !
