BRACERS Record Detail for 53186

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Collection code
RA3
Recent acquisition no.
422
Box no.
6.51
Source if not BR
La Chaux-de-Fonds Bib.
Recipient(s)
BR
Sender(s)
Couturat, Louis
Date
1901/10/04
Form of letter
ALS(X)
Pieces
2
Notes and topics

Will do Inédits de Leibniz. Hard to read Peanoesque stuff.

Transcription

LOUIS COUTURAT TO BR, 4 OCT. 1901
BRACERS 53186. ALS. La Chaux-de-Fonds Bib., Suisse. Russell–Couturat 1: #89
Edited by A.-F. Schmid


Ste Adresse,
le 4 octobre 1901.

Cher Monsieur,

J’ai été bien aise d’avoir de vos nouvelles, car je commençais à être inquiet. J’espère que vous avez reçu la carte (Leibniz-Haus) que je vous ai envoyée de Hanovre à Venise. J’ai passé 5 semaines à Hanovre, et j’en ai rapporté un gros volume (de 600 p. environ) d’Inédits de Leibniz, concernant la Logique, la Mathématique, et même la Métaphysique. Je suis en train de le faire imprimer.

Je suis content de ce que vous me dites de mon livre, car vous êtes particulièrement compétent en la matière. Vous savez que je rends justice au vôtre ; je reconnais que vous avez insisté (encore plus que moi, et avec toute raison) sur le principe : praedicatum inest subjecto ; mais peut-être n’avez-vous pas dit (je n’ai pas votre livre ici) que c’est là la vraie formule du principe de raison, valable universellement, même pour les prop. contingentes et existentielles. Ce point est mis hors du doute par les textes que je cite p. 208 et 209, et par d’autres encore, inédits, que j’ai retrouvés à Hanovre cette année, et que je vous citerais, si j’avais encore ma copie. Mais je vousa les indiquerai quand l’impression sera terminée.

Cela étant, Leibniz ne fait aucune différence entre l’existence et les autres prédicats ; il le dit expressément dans ce texte inédit (PHIL. I, 14, c. 7): « oportet plus inesse in conceptu Existentis quam non existentis, seu existentiam esse perfectionem ». C’est là, vous le savez, le nerf de l’argument ontologique ; celab peut nous paraître choquant, à nous qui connaissons Kant ; mais c’est absolument conforme au panlogisme de Leibniz.

Sans doute il y a une inconséquence chez lui, mais elle n’est pas dans le caractère synthétique des prop. : elle est dans leur caractère contingent, quoique analytique. Il est clair que si elles sont analytiques, leur contraire est contradictoire, et par suite elles sont nécessaires. Leibniz a cru que l’existence de possibles non réalisés impliquait la contingence de possibles réalisés ; mais les possibles non réalisés sont autres que les possibles réalisés, il ne leurc sont pas opposés contradictoirementd ; tandis qu’il dit : « Rien est nécessaire dont l’opposé est possible ». Seulement, ils ne sont pas compossibles. C’est là le point faible, ou le mystère. Au fond, Leibniz a voulu maintenir à tout prix la contingence (qui n’était nullement la liberté comme on l’entend aujourd’hui) pour des raisons morales et surtout théologiques qui n’ont rien à voir avec la Logique.

Je relirai avec plaisir dans votre livre les passages que vous m’indiquez. De votre côté, suspendez votre jugement jusqu’à ce que vous ayez vu mes Inédits.

J’ai lu dernièrement votre Théorie des relations dans PEANO ; intéressante, mais dure à lire (c’est le reproche que je fais à tout PEANO). J’attends la suite avec impatience ; ne me l’envoyez pas, je reçois la R. d. M. Je suis curieux aussi de connaître la démonstration que M. Whitehead a trouvé de la Pp. très importante qui est la Df. de l’infini ... ce serait capital !

Je me réjouis aussi de votre projet d’une Logique des relations ; vous ne pourrez manquer d’apporter beaucoup de lumière sur ce sujet neuf et confus, qui a été traité d’une manière plus mathématique que philosophique. Je suis heureux de savoir que vous êtes converti au transfini, et que vous avez vérifié la justesse des théories de Cantor. Là aussi il y a beaucoup de choses à éclaircir.

J’ai eu l’occasion de citer votre Essay dans une note qui va paraître dans la Revue philosophique (contre M. de Cyon). J’ai lu avec intérêt l’article que M. Natorp vous a consacré. Les critiques qu’il vous adresse concordent assez avec les miennes.

Recevez, cher Monsieur, avec mes vœux pour vous et Mme. Russell, l’assurance de mes sentiments bien cordiaux.

Louis Couturat

Notes

a[donne]{les indiquerai} b[et] c{leur} au-dessous de la ligne d[contradictoires]{opposés contradictoirement} au-dessous de la ligne

Publication
Schmid, Russell—Couturat 1: #89
Permission
Everyone
Transcription Public Access
Yes
Record no.
53186
Record created
Nov 19, 1996
Record last modified
Nov 26, 2025
Created/last modified by
blackwk