BRACERS Record Detail for 53148
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Boer War. Is he against the war?
BR TO LOUIS COUTURAT, 18 DEC. 1899
BRACERS 53148. ALS. La Chaux-de-Fonds Bib., Suisse. Russell–Couturat 1: #51
Edited by A.-F. Schmid
The Millhangar
Fernhurst
Haslemerea
le 18 décembre. 1899
Cher Monsieur
J’ai lu avec intérêt les épreuves de l’article de M. Poincaré, que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je les renvoie ci-avec. Je suis d’accord qu’il n’y a pas besoin que je réponde de nouveau — il ne fait que répéter ce qu’il avait déjà dit. En disant que les définitions consistent toujours en relations à d’autres termes, il commet juste l’erreur logique dont je l’accusai, et qu’il nie assez vivement.
Je m’étonne de ne plus recevoir d’épreuves de mon livre : est-ce qu’on a cessé, ou est-ce que les épreuves ne me parviennent plus ?
Je suis tellement écrasé par la honte de ma patrie que je ne puis guère penser à autre chose — la philosophie ne me semble plus qu’un jeux d’enfant en comparaison des évènements contemporains. Je ne puis m’empêcher d’espérer vivement le succès de nos armées, d’abord par patriotisme stupide et instinctive,bmais aussi pour des raisons plus profondes. L’impérialisme anglais s’inspire (chez les gens d’éducation) de l’idée de Rome, de l’histoire de Mommsen (dont les maximes justifieraient quoi que ce soit), de Carlyle et de Nietzsche, et finalement de Darwin et de l’évolution. Voilà un sentiment erroné, sans doute, mais assez respectable ; les « intellectuels » ne s’y opposent pas, pour la plus part ; au contraire, en général ils approuvent ce sentiment, qui se supporte par un scepticisme morale engendré par l’analyse logique. Je sais me moquer de tout cela quand les affaires marchent bien, mais à présent je me trouve, quoiqu’à contre-cœur, entrainéc par l’amour de la patrie. Cependant je ne suis nullement indigné des attaques des autres nations, qui ne sont que naturelles. C’est Chamberlain qui a fait tout le mal, et dont la chute définitive n’est pas, je crois, très distante.
Croyez-moi toujours votre bien dévoué
Bertrand Russell
BR TO LOUIS COUTURAT, 18 DEC. 1899
BRACERS 53148. ALS. La Chaux-de-Fonds Bib., Suisse
The Millhangar
18 12 99
Dear Sir
I have read with interest the proofs of the article by M. Poincaré, which you were good enough to send me. I return them with this. I agree that it is not necessary to reply again — it would repeat what has already been said. In saying that definitions always consist in relation to other terms, he makes just the mistake of which I accuse him, and which he denies rather sharply. I am surprised that I have not received any more proofs of my book: have they stopped, or are the proofs no longer reaching me? I am so overwhelmed by shame at my country that I can hardly think of anything else — philosophy seems more like children’s games in comparison to current events. I can’t help but hope keenly for the success of our armies, first through stupid and instinctive patriotism, but also for deeper reasons. English imperative produces (in educated men) the ideas of Rome, of the history of Monn---- (with maxims justifying anything whatsoever), of Carlyle, and of Nietzsche, and finally of Darwin. That is an erroneous statement, without doubt, but fairly respectable: the “intellectuals” don’t oppose it for the most part; on the contrary, in general they approve this sentiment, which is supported by a moral scepticism engenerated by logical analysis. I make fun of it all when things go well, but at present I have found myself, albeit reluctantly, carried away by love of the country. Meanwhile, I’m not made at all indignant by the attacks of other nations, which are only natural. It is Chamberlain who causes all the trouble, and whose fine fall is not, I believe, very distant.
Yours sincerely,
Bertrand Russell
